L’investissement à impact en Afrique de l’Ouest
Les associations de soutien de Oikocredit aux États-Unis et au Canada ont récemment rencontré (virtuellement) Yves Komaclo, directeur des investissements d’Oikocredit pour l’Afrique de l’Ouest, afin de connaître son point de vue du travail effectué en Afrique de l’Ouest. Cet article est basé sur la discussion qui a eu lieu.
Yves est responsable du portefeuille d’investissements d’Oikocredit dans la finance inclusive, l’agriculture et les énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest.
Qu’est-ce qui vous a incité à travailler pour Oikocredit, Yves, et qu’est-ce qui vous a retenu ici pendant plus de 12 ans ?
Lorsque j’ai pris connaissance de la mission de Oikocredit et de son travail à travers les pays d’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au Nigeria, je me suis senti inspiré et j’ai voulu en faire partie.
Oikocredit est une coopérative d’envergure mondiale disposant de ressources importantes et un investisseur à impact social, avec un engagement collectif puissant et une approche pionnière et perspicace du financement du développement.
Je suis fier de travailler pour une organisation qui se passionne pour les personnes et les communautés à faibles revenus de la région. C’est en voyant l’impact du travail de Oikocredit et en étant capable de soutenir nos organisations partenaires que je suis resté ici pendant tant d’années.
Dans quels pays se trouvent les partenaires ouest-africains de Oikocredit ?
Nos partenaires sont répartis dans toute la région, où nous travaillons depuis 1994.
Les pays où nous avons des partenaires sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Sénégal.
Le nom de Oikocredit est bien connu dans ces régions, notamment dans le domaine de l’agriculture et de la microfinance.
Comment décririez-vous les types d’investissements réalisés par Oikocredit en Afrique de l’Ouest ?
En Afrique de l’Ouest, nous investissons actuellement dans l’inclusion financière, les énergies renouvelables et l’agriculture pour aider les personnes à faibles revenus à mener une vie dans la dignité.
Dans le domaine de la finance inclusive, Oikocredit soutient les institutions de microfinance et certaines banques qui fournissent des fonds aux micros, petites et moyennes entreprises (MPME).
Dans le secteur des énergies renouvelables, nous soutenons l’énergie solaire domestique hors réseau pour les ménages mal desservis, sur la base d’un paiement au fur et à mesure utilisant la technologie mobile. L’électricité solaire présente d’énormes avantages pour le développement de l’Afrique, les mini-réseaux locaux étant particulièrement adaptés aux populations rurales dispersées.
L’agriculture est également importante dans notre région, car c’est un secteur clé pour lutter contre la pauvreté de manière durable et respectueuse de la planète. Nous investissons dans la culture du café et du cacao (le cacao est particulièrement important en Côte d’Ivoire et au Ghana) certifiés biologiques et équitables par des petits exploitants agricoles afin de contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.
Nous nous concentrons également sur les cultures où la participation des femmes est élevée, comme le maïs, la riziculture et les anacardiers — qui ont été plantés à l’origine pour lutter contre la désertification dans le Sahel.
Il est essentiel d’impliquer les femmes dans l’ensemble de la chaîne de valeur, car cela garantit un revenu supplémentaire aux ménages et soutient les initiatives communautaires qui encouragent la participation des femmes.
Dans le cadre de la nouvelle stratégie 2022-2026 de Oikocredit, nous allons élargir nos secteurs d’intervention à l’éducation, la santé, le logement, l’eau et l’assainissement. En Afrique de l’Ouest, nous donnerons la priorité au logement social et à l’éducation à faible coût, car ce sont des besoins essentiels dans notre région.
Pouvez-vous nous expliquer comment les investissements peuvent soutenir l’égalité des sexes et empêcher les enfants d’être davantage exposés au travail des enfants ?
La vulnérabilité des femmes et des enfants est un risque réel et grave en Afrique de l’Ouest et en Afrique en général.
Oikocredit prend cela très au sérieux dans l’élaboration de ses politiques et dans ses décisions d’investissement. L’attention portée aux femmes et au genre a toujours été au cœur de nos critères d’investissement.
Nous continuons à financer des institutions de microfinance qui s’adressent principalement aux femmes qui n’ont toujours pas accès aux services bancaires traditionnels. L’accès au financement (crédit, épargne, microassurance) est une étape essentielle vers l’autonomisation des femmes.
Au-delà de la microfinance, nous investissons dans des chaînes de valeur sélectionnées ayant de bonnes pratiques en matière d’égalité des sexes sur le lieu de travail, comme dans la transformation des noix de cajou.
Le principal défi consiste à accroître la participation des femmes à la production de cultures commerciales afin d’augmenter leur contribution au revenu du ménage et de réduire leur dépendance vis-à-vis des hommes.
Nous essayons de nous associer à des organisations qui ont des pratiques progressistes, et nous sélectionnons des coopératives certifiées qui mettent en œuvre des politiques et des aménagements en faveur de l’égalité des sexes et qui comptent une grande proportion de femmes parmi leurs membres producteurs.
De même, en travaillant avec des coopératives de cacao certifiées, nous réduisons le risque de financer du cacao produit par le travail des enfants. Nous suivons les rapports d’audit de certification et leur mise en œuvre et effectuons notre propre contrôle régulier des coopératives et des plantations.
Y a-t-il un partenaire qui se distingue dans votre région ?
Il existe de nombreuses organisations partenaires qui font un travail remarquable en Afrique de l’Ouest. Puisque nous parlons d’égalité des sexes et de prévention du travail des enfants, l’Entreprise Coopérative Kimbe (Ecookim) se distingue particulièrement.
Ecookim est une union de coopératives de producteurs de cacao et de noix de cajou en Côte d’Ivoire qui réinvestit une partie substantielle des primes de certification dans les communautés de petits exploitants.
En conséquence, des écoles ont été construites, des associations villageoises d’épargne et de prêts aux femmes ont été créées et des activités génératrices de revenus pour les jeunes et les femmes ont été soutenues.
La coopérative est certifiée Fairtrade et UTZ, et ses membres ont accès à une assistance technique et de renforcement des capacités, à des formations et à des financements.
Chez Oikocredit, nous sommes fiers de soutenir des organisations comme celles-ci et nous sommes impatients d’étendre notre travail pour avoir un impact social encore plus grand sur la vie des personnes à faibles revenus en Afrique de l’Ouest.