Renforcer notre mission : Mirjam 't Lam nous parle du nouveau modèle d’investissement
Oikocredit a récemment lancé un nouveau modèle de levée de capitaux dans la plupart des pays où elle attire des investissements. Pour la Belgique, ce changement est prévu pour le 1er janvier 2024. Ce nouveau modèle permet à toute personne ou organisation éligible d'investir directement dans la coopérative. Mirjam 't Lam, directrice générale d'Oikocredit, nous explique pourquoi et comment ce nouveau modèle de levée de capitaux a vu le jour.
Pourquoi Oikocredit a-t-elle adopté un nouveau modèle ?
Chez Oikocredit, nous voulons continuer à remplir la mission initiale de la coopérative. Si nous faisons un état des lieux du monde aujourd’hui, nous constatons des inégalités et des incertitudes croissantes. En effet, des personnes vivant dans des pays à faible revenu souffrent de l'impact du changement climatique et des catastrophes naturelles.
En gardant ce contexte à l'esprit, nous avons repensé à la fois notre modèle de collecte de capitaux, mais également la manière de déployer les fonds que les investisseurs nous confient, de la meilleure façon possible pour aujourd’hui et pour l’avenir.
Nous avons ainsi transformé le modèle de levée de capitaux, qui avait été développé organiquement dans différents pays, pour obtenir un tout nouveau modèle. Grâce à ce dernier, nous serons en mesure de simplifier la manière dont nous collections des fonds auprès des investisseurs et de mieux remplir notre mission : donner la priorité à l'impact social.
Quelles seront les nouveautés pour les investisseurs avec ce modèle de levée de capitaux ?
Un seul élément important est nouveau pour les investisseurs : l'investissement se fait directement dans la coopérative. Pour rappel, auparavant, l'investissement était réalisé via l'intermédiaire d'une association de soutien d'Oikocredit (comme Oikocredit-be sces, entre autres) ou de la Fondation internationale d'actionnariat d'Oikocredit (OISF).
Le nouveau modèle de levée de capitaux permet donc aux investisseurs de différents pays de faire partie de la même communauté mondiale, avec les mêmes conditions.
Pourquoi Oikocredit n'a-t-il pas lancé plus tôt un modèle standardisé ?
Lorsque Oikocredit a été créé il y a près de 50 ans, des associations de soutien ont été fondées dans plusieurs pays. Chaque pays ou région a développé sa propre identité en accord avec les valeurs d'Oikocredit ainsi qu’avec les lois et réglementations locales en vigueur.
Pendant longtemps, ce modèle diversifié a très bien fonctionné. Mais ces dernières années, le renforcement de la réglementation a rendu plus difficile la gestion d'un modèle qui pouvait différer d'un pays à l'autre.
Si nous observons ce qui se passe dans le contexte européen, nous constatons une forte harmonisation des lois européennes. Cette tendance a permis à des organisations comme la nôtre de suivre une seule loi et d'être actives dans toute l'Europe. Cette harmonisation, ainsi que la collaboration des gouvernements, nous offrent aujourd'hui la possibilité d'avoir un produit uniforme, appelé " participation ", dans plusieurs pays. Il y a quelques années, cela n'aurait pas été possible.
Comment le nouveau modèle de levée de capitaux contribue-t-il à la stratégie d'Oikocredit ?
Comme indiqué dans notre stratégie 2022-2026, nous voulons nous assurer que les fonds qui nous sont confiés ont un réel impact social sur les moyens de subsistance des personnes à faible revenu. Nous voulons améliorer leur résilience, à la fois à l’échelle individuelle et au sein des communautés dans lesquelles elles vivent. En créant un modèle de levée de capitaux plus unifié, nous espérons pouvoir libérer davantage de capacités pour des partenariats et des projets qui profitent à ces communautés.
Les investisseurs peuvent être perçus et regroupés comme une communauté soutenant notre mission. Dans le cadre du nouveau modèle, nos investisseurs investissent directement dans la coopérative par le biais de participations. Ils font ainsi partie de la communauté mondiale d'Oikocredit tout en restant en contact avec leur communauté locale par le biais de l'association de soutien.
Par conséquent, nous sommes ravis de constater que ce nouveau modèle permette d'établir un lien plus direct entre les communautés de nos bénéficiaires finaux, de nos partenaires, de nos investisseurs et de nos associations de soutien.
Le nouveau modèle de levée de capitaux modifie-t-il la façon dont Oikocredit travaille avec ses partenaires ?
Non, il ne change pas notre manière de collaborer avec nos partenaires. La beauté du nouveau modèle est que nous pouvons continuer à soutenir nos partenaires à l'avenir. En créant ce que nous pensons être un modèle à l'épreuve du temps, nos investisseurs offrent une plus grande sécurité de financement à nos partenaires.
Cela donne à nos partenaires - et au-delà à notre personnel qui facilite ce travail - la confiance nécessaire afin de continuer à travailler tous ensemble pour la réalisation de notre mission dans les années à venir.
Quelle fierté tirez-vous de la mise au point de ce modèle ?
Je suis très fière que nous ayons, aujourd'hui, un nouveau modèle de levée de capitaux lancé dans presque tous nos pays de collecte active.
Avec ce nouveau modèle, nous disposons d'un canal unique par lequel nous pouvons demander aux investisseurs de placer de l'argent et nous assurer que nous investissons ces fonds avec nos partenaires, afin qu'ils puissent donner aux personnes à faibles revenus les produits, les services et les opportunités dont elles ont besoin.
Je suis fière que nous y soyons parvenus, en tant que coopérative. Nous avons entrepris cette aventure en appliquant nos principes. Nous avons collaboré efficacement et sommes parvenus à un modèle plus simple pour les investisseurs, permettant à la coopérative d'investir dans les pays du Sud pour améliorer les conditions de vie des populations.
Quels sont les points sur lesquels vous souhaitez vous concentrer à l'avenir ?
Avec la simplification et la standardisation du parcours d'investissement pour chaque investisseur, je m'attends à ce que nous ayons plus de temps pour améliorer l'engagement. Nous pouvons dialoguer avec nos investisseurs par l'intermédiaire des associations de soutien, mais aussi par voie numérique. Nous renforcerons les communautés locales d'investisseurs, ainsi que la communauté mondiale dans son ensemble, ce qui est conforme à notre stratégie. Je me réjouis vraiment de cette prochaine étape.
Quant aux partenaires, nous nous attachons à leur permettre de faire leur travail dans le contexte d’incertitude que connaît actuellement le monde. Nous voulons nous assurer qu’ils sont équipés pour mieux servir leurs bénéficiaires finaux. Nous nous efforçons de mettre en valeur ces réalisations afin de pouvoir nous réjouir et être toutes et tous fier(e)s d'être une coopérative capable de faciliter la résilience des communautés et de donner aux membres de ces communautés les ressources essentielles afin d’améliorer leurs moyens de subsistance.
Pour en savoir plus sur la mise en œuvre du nouveau modèle de levée de capitaux en Belgique, cliquez ici :
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