L'enjeu, c’est une agriculture durable
Aldo Risco Mejia (helemaal vooraan links) op bezoek bij onze partner Unicafec tijdens een studiereis in 2018 in Peru
Aldo Risco Mejia, du bureau Oikocredit pour la région Nord de l’Amérique du Sud, basé à Lima, est responsable des investissements agricoles pour cette zone. Nous l’avons interrogé sur son expérience pratique du commerce équitable.
Quelle est l'importance du commerce équitable dans votre travail quotidien ?
Aldo Risco Mejia : Près de 80% de nos partenaires et presque toutes les organisations péruviennes avec lesquelles je travaille disposent de certifications en commerce équitable, presque toujours associées à des labels biologiques. Nous ne demandons pas aux partenaires d’être certifiés, ce n'est pas notre mission, mais si l’un d’eux veut une certification nous l’aidons dans sa démarche. En effet l’obtention de ces certifications nous facilite l’évaluation de l’impact social, la sélection et le suivi du partenaire.
Au Pérou on trouve aisément des entreprises certifiées qui exportent leur café en direct, aidées en cela par leurs certifications mais dans d’autres pays d’Amérique du Sud il y a peu de petites coopératives intéressées par l'agriculture biologique et le commerce équitable. Contrairement aux exploitations péruviennes, ces petites structures s’en remettent aux grandes entreprises pour leurs exportations. Par ailleurs, les conditions climatiques sont plus difficiles et cela n’encourage pas à vouloir abandonner les méthodes agricoles conventionnelles.
Commerce équitable, production biologique et durabilité - toutes ces pratiques sont-elles liées ou peut-on les envisager indépendamment ?
Aldo Risco Mejia : Oikocredit se concentre sur la production durable, sur l'utilisation prudente des sols et des ressources naturelles ainsi que sur les bonnes pratiques agricoles. Nous veillons également à ce que les coopératives et les entreprises avec lesquelles nous travaillons adoptent un management responsable et qu’elles traitent bien leurs employés et leurs membres. On peut produire de manière durable, nous le constatons dans notre travail. Cependant, l’agriculture durable ne s’observe pas que dans les entreprises agricoles 100% biologiques et certifiées, notamment parce que les produits biologiques sont, à juste titre, onéreux.
Les normes du commerce équitable couvrent également des enjeux sociaux tels que les conditions de travail, la rémunération des ouvriers, leurs droits et leur sécurité.
Aldo Risco Mejia : Absolument! Laissez-moi vous donner un exemple. Nous venons d’investir dans un nouveau partenaire agricole en Équateur. La société produit, sur 1.000 hectares, des bananes et du cacao cultivés de manière conventionnelle mais toute la ferme est certifiée Rainforest Alliance, un label de durabilité très répandu en Amérique latine.
Il est intéressant pour nous que la ferme dispose également de la certification SMETA (audit de commerce éthique des membres Sedex), comparable à celle du Fairtrade Labelling Organizations (FLO-CERT). Pour vendre ses bananes, l'entreprise a besoin de l’audit SMETA qui se concentre surtout sur la santé et la sécurité des ouvriers. En effet, le travail dans les fermes comporte un risque d'accident relativement élevé et la certification précise que toutes les mesures sont mises en place sur le lieu de travail pour la prévention des accidents et des blessures.
L'entreprise dispose également d'un centre médical sur place avec un médecin permanent. La qualité des soins médicaux permet la prévention de maladies, mais le centre assure aussi la prise en charge immédiate en cas d’accident. Grâce à la certification, les employés sont indemnisés pour perte de revenus si un accident les empêche de travailler. Ces aspects sociaux et ces garanties sont essentiels dans notre contexte.
Un élément important du commerce équitable est la garantie du prix minimum d’achat et de primes.
Aldo Risco Mejia : C'est exact et, en tant qu’agronome, je m’y intéresse de près. Je regarde les prix payés aux producteurs, les bénéfices de la vente des produits équitables ainsi que les primes en fonction de l'effort produit. Nous avons vu des contrats dans lesquels les agriculteurs porteurs de labels équitables et biologiques vendaient leur café pour 1,60 $ la livre (NDLR : le prix d’achat minimum garanti). Quand je vois cela, je ne peux que me demander : quel est vraiment le prix du marché ?
Au Pérou, par exemple, tout le monde peut vendre son café en direct, ce qui signifie que les coopératives peuvent négocier directement avec les torréfacteurs. Or, actuellement nous constatons que les torréfacteurs sont plus intéressés par la qualité que le label, et qu’ils sont par ailleurs disposés à payer un bon prix pour une bonne qualité. Nous considérons donc qu'il est de notre devoir de soutenir les exploitants et leurs entreprises pour qu’ils aient une production de qualité en respectant les méthodes d’agriculture durable.
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